Pour sortir un peu des sentiers battus, je vais vous parler d’un petit village de pécheurs peu touristique sur la côte Sud, qui s’appelle Madalena Do Mar, et surtout de ses bananeraies.
Ce village est encadré par les montagnes, comme partout ailleurs sur Madère. Le bord de mer, plutôt sympathique, possède une promenade qui longe toute la plage constituée de galets et ses quelques paillottes. Nous nous y promenons tranquillement et apprécions la vue sur la mer et la falaise. Mis à part deux serins des canaris qui trouble cette quiétude en se disputant les graines d’une herbe sauvage, c’est le calme absolu !
Un bar atypique se trouve sur la plage de galets. Les serveurs, servant uniquement au comptoir d’un petit cabanon , sont jeunes et me donnent l’impression d’être méfiants. Il ne doit vraiment pas passer beaucoup de touristes par ici !
L’ambiance est tranquille là encore, et contraste avec le style du bar, fort coloré, et fait avec des éléments de récupération. Nous nous y arrêterons un peu plus tard pour contempler la mer, après avoir visité les bananeraies.
Ce qui interpelle donc à Madalena Do Mar, ce sont toutes ces bananeraies que l’on aperçoit sur les hauteurs, par derrière les maisons, face à la digue. L’emplacement de Madalena do Mar et son climat ont contribué à développer les plus grandes plantations de bananes de l’île.
Si on prête bien attention, on voit qu’il y a des entrées entre certaines maisons qui mènent à ces bananeraies. Des pancartes sur lesquelles sont inscrits « Rota da Banana » (Route de la Banane en français) indiquent que vous pouvez faire différents circuits de 350 à 500 m autour des parcelles de bananiers. Beaucoup de chemins sont constitués de pentes et d’escaliers.
Au cours de notre ballade entre les différentes parcelles de bananiers, nous apercevons de nombreux régimes de bananes, dont certains sont enveloppés dans un sac de plastique bleu. Les bananiers sont nombreux et leur fleur est vraiment impressionnante.
C’est alors que nous rencontrons un producteur en train de soigner ses arbres. Nous en profitons pour entamer une conversation avec lui. Et ce qui nous viens directement à l’esprit c’est : pourquoi ces plastiques bleus ?
Nous qui pensions à tord que c’était pour que les bananes murissent plus vite, il n’en est rien ! C’est tout simplement pour que les bananes grossissent plus vite. En provoquant un effet de serre avec ce plastique, les bananes vont avoir un mois d’avance sur leur cueillette. Ce qui permet de maitriser la production tout au long de l’année.
MAIS ELLES SONT POURTANT CUEILLIES VERTES
En effet, les producteurs de Madère exportent leurs bananes vers le continent portugais, et plus particulièrement vers Lisbonne, et c’est pour cette raison qu’elles sont cueillies vertes. De cette façon, elles ne s’abimeront pas. Comme Madère ne dispose pas de contrat avec la France, vous ne pourrez donc pas trouver ces délicieuses bananes sur notre marché français !
Mais elles sont également vendues sur les marchés locaux, notamment sur le marché de Funchal, le Mercado dos Lavradores. Vous trouverez mon post sur La Gastronomie Madérienne et le marché de Funchal ICI. J’y parle notamment des bananes de Madère et de leur saveur.
Comme nous dit ce sympathique producteur : chaque régime de bananes est comme un bébé ! Il faut en prendre soin et le manipuler avec précaution.
Une fois les régimes de bananes cueillis, ils sont envoyés au centre d’emballage de Funchal où ils seront emballés très soigneusement pour être mis dans des containers pour l’exportation. Ce sont les magasins qui détailleront les régimes en petites grappes et qui attendront qu’elles murissent ou les vendront telles quelles.
Et alors que les bananes sont vendues entre 1,50 et 2,50 euros du kilo sur les marchés, chaque régime de banane, pesant quelques kilos, ne rapporte à ce producteur que 0,65 centimes d’euros !
Ce sont bien des années de soins et de temps passé auprès des bananiers, pour un tout petit salaire au final !