Il existe à Campanario, village situé entre Ribeira Brava et le Cabo Girão sur la côte Sud, un petit sentier de ballade qui mène à un bord de mer appelé Calhau da Lapa.
Je loue une petite maison construite le long de ce chemin. Je dois dire la seule maison même, puisque les autres sont sur les hauteurs, à flanc de montagne. Nous sommes pour ainsi dire en pleine nature, et presque seuls au monde !
Le lendemain matin de notre arrivée à Madère, nous décidons d’explorer les environs de cette maison en commençant par ce sympathique sentier. Pour le trouver, il faut descendre la rue Estrada da Lapa jusqu’au pont. A gauche du pont, face à la mer, se trouve un petit panneau signalant le lieu « Calhau da Lapa » et vous verrez des marches qui descendent vers le sentier.
Au beau milieu d’une nature sauvage, nous avançons sur cette allée de terre longeant tout d’abord les broussailles d’un côté et de l’autre une petite rivière envahie par les hautes herbes. Ou plutôt un fossé creusé de plusieurs mètres que l’on devine par le son de l’eau qui coule, plutôt que de le voir réellement ! Malgré tout, en voyant comment notre voisine la chèvre passe d’un côté à l’autre, nous devinons que la rivière ne doit pas être très profonde. Des broussailles, sortent des petits cris incessants de fauvettes à tête noire, que l’on aperçoit furtivement.
Le chemin se poursuit, les broussailles laissant place à une immense paroie rocheuse à gauche, et le fossé de droite à un gigantesque ravin. Mieux vaut garder un œil sur le chemin et ne pas tomber dedans !
Les lézards s’enfuient sur notre passage pour se cacher dans les cavités de la paroi rocheuse. Ce sont des Teira Dugesii, une espèce endémique, qui a la réputation de ne pas être farouche. Ce n’est pas l’impression qu’ils nous donnent !
Le chemin que nous suivons s’accentue de plus en plus vers la descente et la terre laisse place à un terrain rocailleux. Il y a un certain dénivelé à ne pas sous estimer !
Au fur et à mesure que nous avançons, la pente devient de plus en plus raide, et le sentier se revêt parfois de marches, parfois de pavés rocheux, avec quelques formations de bosses permettant de freiner la descente.
Déjà je regrette amèrement mes chaussures de randonnées restées dans la maison. Au lieu de ça, les cailloux roulent sous mes baskets manquant de me faire glisser à chaque pas ! Il s’agit de ne pas finir dans le décor ! Et quel décor !! L’eau cristalline, d’un bleu turquoise que nous apercevons d’en haut est un pur délice pour nos yeux ! Au loin quelques bateaux… puis l’horizon… d’un bleu plus profond que celui de la mer ! Nous faisons une pause de quelques minutes afin de reprendre notre souffle, et de considérer le reste de la descente vertigineuse qui s’offre à nous.
Je dois préciser qu’en plus des enfants, nous avons également emmené leur mamie, et que, dans un soucis de bien être pour toute la famille, nous avons envie que Mamie reste intacte jusqu’à l’arrivée ! Elle a déjà les jambes tremblantes des efforts fournis pour freiner les descentes et pense déjà qu’elle ne pourra pas y arriver. Mais il serait dommage de ne pas finir et de remonter tout ce qu’on a déjà descendu sans avoir pu voir la beauté du lieu.
Aussi, un de mes deux ados s’empare de Mamie pour l’aider à descendre et nous voilà repartis dans notre folle aventure ! Au fur et à mesure que nous avançons après ce dernier tournant de roche, le spectacle de la mer au loin se découvre devant nous.
Arrivés tout en bas au bout d’une bonne demi heure de marche et de descentes, avec Mamie saine et sauve, nous sommes saisi directement par l’ambiance générale. De la musique portugaise, entrainante, s’échappe du seul et unique bar du lieu. Ce bar, atypique, est en partie creusé dans la roche, avec un auvent de bois tapissé de branches de palmier. Une madérienne s’active à préparer les quelques tables disposées le long de l’allée, tandis qu’une autre prépare des crudités. Du coté du bar, un grand barbecue attend que l’on prépare ses braises pour midi.
Je me retourne pour saisir l’ampleur de la descente, et je m’aperçois qu’une petite chute d’eau se déverse du haut de la falaise. Sans doute la rivière que nous avons suivi au début et que l’on a perdu quelque peu en cours de route !
Nous avançons vers la mer, laissant cette ambiance festive de côté, et nous nous dirigeons vers le ponton de béton, suivi d’un autre en bois flottant, pointant vers l’horizon. La vue est belle, naturelle et sauvage. La petite plage, encadrée par les hautes falaises, est constituée de rochers. Dans l’eau, nous remarquons un morceau de ponton bétonné détruit par les intempéries du mois de mars, que les madériens réparent inlassablement chaque année.
Nous constatons que l’humeur est à la bronzette vu le nombre de serviettes de plage qui ont envahi l’unique allée qui chemine jusqu’en bord de mer. Et étant donné que le soleil tape, mieux vaut avoir prévu les crèmes solaires ! Ce qui n’est pas notre cas, vu que nous avons sous estimé le soleil ! L’air est agréable, un petit vent balaye les embruns de la mer, et nous baigne de sa douce chaleur du mois d’Août.
Nous remarquons que dans les parois des falaises, une vingtaine de maisons troglodytes sont creusées dans la roche et semblent bel et bien habitées. Nous apprendrons plus tard, que ces grottes appartiennent à l’association sportive de Campanario, et quelles sont louées à des locaux pendant leur vacances d’été. Ce qui explique ce petit groupe de population ici en bas, alors que nous n’avons vu personne descendre le chemin ce matin.
Par contre, nous apercevons un nouveau petit groupe de personnes venant juste d’arriver, sacs à dos et glacière en main, cherchant un espace pour s’y installer. Aucun touriste apparemment, que des locaux !
Par manque d’entrainement, nous sommes un peu vidés des efforts fournis, et comme Mamie semble pour le moment incapable de remonter tout ce que nous avons descendu, nous décidons d’aller demander des infos au bar afin de savoir si l’on peut déjeuner sur place. Reprendre des forces avant de remonter la falaise ne nous ferait finalement pas de mal !
Au bar on nous informe que toutes les tables sont réservées, et que si l’on veut manger il nous faudra attendre 13h, voir plus, pour qu’une des tables se libère. Comme nous n’avons pas l’intention de remonter de suite, nous acceptons.
Nous en profitons pour revenir en bord de mer une petite heure pour admirer la vue et prendre quelques photos.
L’heure arrive enfin où une table se libère et nous pouvons nous installer. Au menu du jour : dorades au barbecue, pomme de terre et crudités ! Cela sent déjà bon ! Les odeurs de poissons grillés parfument délicatement l’air et stimulent déjà notre appétit ! La musique est toujours là, chantant son air de fête, les tables sont pleines, les assiettes aussi. Les langues vont bon train, des rires s’échappent parfois des tables et viennent jusqu’à nos oreilles. L’ambiance est agréable, on s’y sent bien !
Le repas est très bon, bien servi, et nous refusons la dernière assiette de dorades qu’on nous présente encore. Nous avons déjà trop mangé ! Finalement, nous discutons un peu avec la patronne venue débarrasser la table. Les gens, d’abord sur la réserve, finissent par devenir vraiment très sympathiques.
Nous apprenons que le mari de cette dame, propose des retours par bateau jusqu’au village de Ribeira Brava, juste à côté ! Quelle aubaine pour Mamie ! Elle a l’air enchantée de l’apprendre. Du coup, nous réglons la note du repas, et nous voilà en train de compter nos derniers deniers en poche pour voir si nous avons encore suffisamment assez d’argent pour combler ces imprévus. Car de Ribeira Brava, il nous faudra encore prendre un taxi jusqu’à la maison.
Je fais part de notre soucis à la patronne et lui demande si elle sait combien coûte un taxi jusqu’à notre maison. Pour être sûre de ne pas dire de bêtise elle téléphone à un ami chauffeur de taxi et demande la confirmation du tarif.
Tout va bien ! Nous pouvons donc tous repartir en bateau, et en plus de cela la patronne nous informe que son ami nous attendra à la sortie du quai à Ribeira Brava. Il connait bien la maison où nous logeons, donc pas besoin de lui fournir d’adresse. Comme quoi, il suffit de discuter un peu avec les locaux pour découvrir qu’ils sont sympathiques et qu’ils peuvent nous aider. Quelques jours plus tard, nous découvrirons que des ballades en bateau peuvent être effectuées également à partir de la ville de Camara de Lobos vers Calhau da Lapa.
Le reste de l’après midi, en attendant l’heure du retour en bateau, nous le passons au bord de l’eau. Quel regret de ne pas avoir emmené serviettes et maillots de bain ! Mais qu’importe, nous nous délassons tout de même, pieds dans l’eau, en regardant le spectacle de la mer. Eblouis par le soleil, nous ne verrons pas de suite nos bras et nos épaules écarlates…
Puis vient le moment de partir, et de quitter ce bel endroit pour le moins authentique et typique, et nous enjambons le bateau pour venir nous installer parmi une douzaine de personnes qui repartent. Nous longeons la côte, et passons à côté du grand rocher que nous avons aperçu du ponton, se dressant fièrement hors de l’eau, tout en admirant le courage de la population logeant sur les hauteurs, presque au bord des falaises.
Arrivés à quai au bout d’environ vingt minutes, un grand taxi jaune (comme tous les taxis de Madère d’ailleurs) nous amène à notre location de Campanario, sur le chemin de Calhau da Lapa.
Si cette maison dans la nature vous intéresse, voici le lien où vous pourrez la réserver !
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